jeudi 19 novembre 2009

Away we go : les gens normaux ont tout d'exceptionnel

Allez, je me lance…j’avoue… Away We go est le film surprise de ma semaine passée.
Plutôt décrié par les professionnels comme les cinéphiles, je ne tenterais pas ici de convaincre mais juste d’apporter mon court sentiment sur ce « road love movie », certes pas un chef d’œuvre, mais inattendu et tout à fait bienvenu en ces temps.

L’histoire en quelques mots…
Burt et Verona, trentenaires atypiques vivent tant bien que mal dans une ville de Province qu’il déteste, dans une bicoque de fortune. Ils vont devenir parents et décident de parcourir le pays à la recherche du foyer idéal. Il s’en suit rencontres incongrues et loufoques, pour finalement trouver la source du foyer idéal en eux-mêmes.

Après Les Noces Rebelles, on peut comprendre que Sam Mendès ait voulu s’attaquer à une comédie légère. Les deux films s’opposent littéralement, tout en exploitant le thème commun du noyau familial. Dans l’un, l’enfant est un frein à l’épanouissement, il met un terme à toute évolution jusqu’à la mort ; dans l’autre, l’enfant est le commencement, autour duquel on cherche et construit un avenir. Les Noces Rebelles serait le film de la maturité, celui de la complexité, plus intellectuel sans doute. Pour ma part, le meilleur film de Sam Mendès.

Away we go est tout autre chose, comme une parenthèse enchantée, un film authentique, une comédie sans chichi ni grotesque, une vision intimiste et humaine du sentiment amoureux dans ce qu’il a de plus épuré : l’amour de l’autre, conjoint, parents, amis ; l’amour au sens large.
Il y a comme une vérité qui dérange ici, l’amour à nu, celui que nous cherchons tous au fond, ce couple le fait surgir sur l’écran : « peu importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse »…

Un casting parfait : ce couple d’acteurs de télévision peu connus (John Krasinski et Maya Rudolph) interprète avec justesse des personnages normaux, loin du glamour hollywoodien tarte à la crème, qui petit à petit s’érigent en héros très discrets. Des « presque » Monsieur et Madame tout le monde qui donnent au film toute son authenticité. Un couple imperméable au monde extérieur, parce qu’heureux et amoureux ; un couple en quête « d’un monde partagé », comme dirait le philosophe Alain Badiou.

Une formidable galerie de portraits, interprétés par des seconds rôles drôles et déjantés (Maggie Gyllenhaal brillante en hippie perchée !). Mendès grossit volontairement le trait de ses personnages, à la manière d’une comédie burlesque et nous transporte dans un univers sarcastique, ciselé de dialogues percutants. Un film dans la retenue, parfois très touchant, particulièrement la scène de la boîte de nuit où l’actrice Mélanie Lynskey, qui souffre de ne pouvoir avoir d’enfants naturels, exécute une dance aussi tragique que sensuel.

Enfin une mise en scène brute mais élégante : des photogrammes de personnages illuminés par une superbe photographie et des plans épurés (Maggie Gyllenhaal en madone évanescente donnant le sein à son enfant).

Oui, Away we go est emprunt d’optimisme, de mièvrerie dirons certain…peut-être… en tout cas, il n’en reste pas moins un bon moment de cinéma, reposant et rafraichissant. Avis aux amateurs !

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